Alexandra Pierre

Empreintes de résistance. Filiations et récits de femmes autochtones, noires et racisées

Empreintes de résistance. Filiations et récits de femmes autochtones, noires et racisées
Empreintes de résistance. Filiations et récits de femmes autochtones, noires et racisées

Publication

Montréal, Québec : Éditions du remue-ménage, 2021

Biographie de l’auteure

Diplômée en anthropologie et en organisation communautaire, Alexandra Pierre est militante antiraciste et féministe ainsi que travailleuse communautaire. En 2020 elle fut la première femme noire élue présidente de la Ligue des droits et libertés. En 2021, son essai Empreintes de résistance. Filiations et récits de femmes autochtones, noires et racisées est paru aux Éditions du remue-ménage. Elle a contribué aux collectifs 11 brefs essais contre le racisme : Pour une lutte systémique (Éditions Somme toute, 2019) et Traitements-chocs et tartelettes. Bilan critique de la gestion de la COVID-19 au Québec (Éditions Somme toute, 2022) et a publié des articles dans diverses revues. En 2022, elle a fait partie des finalistes du gala Dynastie. 

Alexandra_Pierre_HD-22 crédit Chloé Charbonnier
Photo: Chloé Charbonnier

Extrait

« À travers les récits de neuf femmes, j’ai tenté de faire un (début de) travail d’archéologie. Pour moi, il s’agit de déterrer, de visibiliser, certaines des résistances actuelles dans leurs différentes manifestations et les différentes manières de concevoir l’émancipation ; d’en extraire certaines du passé afin de mieux comprendre les filiations qui nous lient aux luttes historiques des femmes noires, racisées ou des femmes autochtones ; de se rappeler que ces femmes ont existé, qu’elles n’ont pas seulement survécu (quoique cela en soi est à célébrer), mais qu’elles l’ont fait en élaborant des projets politiques pour elles-mêmes et pour nous, leurs descendantes. Le monde et les maîtres ont changé, mais nous pouvons puiser dans le passé pour imaginer notre présent et notre avenir. Ce travail d’archéologie vise à se rappeler, mais aussi à laisser des traces pour celles qui suivront, pour qu’elles puissent non seulement détruire la maison du maître, mais construire de nouvelles maisons en sachant que nous avons aussi existé. » (p.25)

Résumé du livre

Dans l’essai Empreintes de résistances. Filiations et récits de femmes autochtones, noires et racisées, la chercheuse et militante Alexandra Pierre s’entretient avec neuf femmes aux parcours très différents quant à leurs engagements et leurs militantismes. Pierre mêle sa voix à celle de ces femmes venant de toutes sortes d’horizons afin d’offrir des témoignages et un cadre théorique sur divers enjeux comme le racisme, l’islamophobie, la décolonisation, la maternité, la justice reproductive, l’environnement, l’antispécisme ainsi que la révolution. Cet ouvrage explore plus spécifiquement dans chacune de ces prises de parole les différentes formes de résistances et les propres filiations de chacune des intervenantes afin de faire écho aux luttes passées. Cet ouvrage permet de réfléchir aux enjeux de la société dans laquelle nous évoluons et de penser à un monde plus juste et égalitaire pour toutes et tous. 

Situer l’œuvre

Empreintes de résistance est un essai puisqu’il s’agit d’un texte non fictionnel écrit en prose qui propose dans une langue simple et claire une réflexion sur un sujet précis, celui des formes de résistances et de la filiation chez les personnes autochtones, noires et racisées. Toutefois, l’ouvrage se caractérise et se distingue par la présence de témoignages. Alexandra Pierre interroge des participantes pour former neuf portraits uniques. Grâce au procédé de la citation, elle  fait entendre la parole de ces femmes et s’en sert comme matière pour développer son analyse et développer différents liens avec l’histoire, la politique, la littérature, le cinéma, les arts, etc. Sauf pour l’introduction et l’épilogue où Pierre intervient en prenant la parole sous une énonciation au « je », elle opte plutôt dans les autres chapitres pour une voix narrative neutre, objective, qui se basera sur les interventions des participantes pour ajouter des exemples concrets, des statistiques ou un cadre théorique.

Pierre propose aux intervenantes de réfléchir à la convergence des luttes ainsi qu’aux dominations et aux oppressions qui pèsent sur les populations marginalisées dans la société québécoise actuelle. Afin de tracer la trajectoire de leur propre filiation, chacune des intervenantes pense à la société québécoise en faisant des ponts avec l’histoire. Leurs récits touchent notamment à l’esclavagisme et au colonialisme afin de comprendre comment ces drames historiques ont une incidence directe sur leurs luttes actuelles. 

Forcément, venant d’horizons multiples, elles s’inspirent et réfléchissent à partir de différents espaces géographiques. Certaines penseront aux inégalités sociales en évoquant d’autres pays (Haïti, Inde, Porto Rico, Pérou, Cuba, etc.) tandis que d’autres pousseront leurs réflexions sur des espaces nationaux (Montréal, Témiscamingue, Trois-Rivières, etc.), voire  sur certains quartiers spécifiques (Pointe-Saint-Charles, Montréal-Nord, Côtes-des-Neiges). Finalement, ce livre est un incontournable pour penser aux luttes féministes antiracistes et décoloniales au Québec.

Les participantes du collectif sont Abisara Machold, fondatrice et propriétaire d’un salon de coiffure montréalais, Inhairitance, spécialisé dans les cheveux de type crépu ou frisé au naturel ; Avni, qui s’intéresse à la maternité comme engagement politique ; Widia Larivière, militante pour les droits des peuples autochtones et pour la décolonisation ; Dalila Awada, sociologue préoccupée par l’islamophobie et l’oppression animale ; Marlihan Lopez, militante afroféministe qui rend hommage aux grands-mères révolutionnaires ; Alejandra Zaga Mendez, militante des questions du racisme environnemental, élue en octobre 2022 comme députée de Verdun à l’Assemblée nationale du Québec ; Sheetal Pathak, organisatrice communautaire intéressée par les traditions de résistance ; Hirut Melaku, accompagnatrice et consultante en justice reproductive ; Naïma Hamrouni, professeure de philosophie à l’Université du Québec à Trois-Rivières qui étudie les injustices épistémiques. La préface est écrite par les artistes Émilie Monet et Marilou Craft et l’ouvrage est illustré par Eruoma Awashish.

Thématiques

Intersectionnalité :

Les participantes du collectif d’Alexandra Pierre se basent sur l’intersectionnalité en mettant en évidence leur sentiment d’exclusion dans le mouvement féministe blanc. 

Les identités sociales qu’un individu peut avoir sont basées sur des groupes d’appartenance comme le genre, la race, la classe sociale, l’orientation sexuelle, la religion, la nationalité, la scolarité, les handicaps, la neurodiversité, l’âge, etc. Bien que les femmes prenant la parole dans le collectif explorent les différentes interactions entre ces identités, trois catégories sont présentes dans chacun des portraits : le genre, la race et la classe sociale. 

Dans le texte « Politique du cheveu crépu », Abisara Machold parle des viols institutionnalisés et Widia Larivière aborde à son tour dans son texte « Kokat mina8atc » les violences corporelles en soulignant les stérilisations forcées, les expériences médicales, les disparitions et les assassinats des femmes autochtones sur le territoire canadien. Les discriminations genrées s’observent aussi dans le domaine économique et plus particulièrement dans la division du travail. Plusieurs vont évoquer le concept du care pour dénoncer les rôles genrés et la charge mentale souvent reléguée aux femmes racisées, migrantes ou précarisées. Finalement, les violences liées au genre s’incarnent également dans les institutions étatiques et politiques, comme dans le système judiciaire, les institutions scolaires, et le système de santé. Dans le portrait « Naissance », Hirut Melaku met en lumière la non-accessibilité aux services de sages-femmes pour les personnes marginalisées. 

Chacune des participantes du collectif milite pour la cause antiraciste. Plusieurs dénoncent le racisme ordinaire dans la société québécoise actuelle; elles évoquent les stéréotypes et les clichés qui pèsent sur certaines communautés, comme le raccourci fait entre l’islam et la violence. Dans son portrait « Féminisme expérientiel », Marhlihan Lopez développe sa réflexion sur le racisme et les stéréotypes qui pèsent plus spécifiquement sur les personnes queer racisées. Plusieurs évoquent leurs expériences face au racisme individuel : les humiliations, les insultes, les moqueries sur l’accent, l’intimidation dans les écoles, etc. Dans le texte « Divisons », Dalila Awada témoigne du cyberharcèlement et des risques de la prise de parole dans la sphère publique en tant que femme racisée. 

Finalement, les neuf portraits analysent le racisme systémique et institutionnel, c’est-à-dire les structures inégalitaires qui participent au processus de racialisation. Dans le texte « Champs de bataille », Alejandra Zaga Mendez démontre que les personnes racialisées et précarisées sont plus enclines à vivre du profilage racial et de la brutalité policière. Avni parlera même « d’enfants désenfantisés » puisque dès leur jeune âge, ces jeunes  ne sont pas vus comme des enfants, mais comme de potentielles menaces. Naïma Hamrouni, dans son portrait «   Vulnérabilité ordinaire », s’exprime sur les violences dans le milieu académique en mettant en lumière l’impérialisme culturel. 

Les intervenantes se penchent également sur les inégalités des conditions de vie que certaines communautés vivent, notamment la stigmatisation des classes populaires. Widia Larivière parle de la condition des logements dans les réserves et de l’itinérance dans les centres urbains chez les communautés autochtones. Avni, quant à elle, évoque les problèmes d’accessibilité aux services médicaux et l’impact des conditions socioéconomiques sur la santé. Les conséquences de la précarité peuvent se manifester de différentes façons : par exemple, dans le texte « Sita » de Sheetal Pathak, celle-ci évoque comment la surproduction et le capitalisme engendrent des catastrophes écologiques. Elle souligne que nous ne sommes pas tous et toutes égaux et égales face à celles-ci. Lorsque ces catastrophes  surviennent, les personnes marginalisées 

sont en effet plus touchées par ces crises que celles et ceux qui ont beaucoup de moyens.

Question 1: Examinez les identités sociales qui composent une des femmes du collectif. En quoi celles-ci sont-elles sources d’oppressions ? Et de résistances ? 

Question 2 : Imaginez une situation où une personne vit plus d’une oppression à la fois. Expliquez comment ces oppressions combinées créent un enjeu d’intersectionnalité.

Résistances : 

Dans cet essai, les participantes développent différentes stratégies de résistance qui leur permettent de faire face aux oppressions qu’elles vivent. Dans un premier temps, certaines abordent des formes de résistances individuelles; ce sont des pratiques qu’elles arrivent à mettre en place dans leur quotidien. Cela peut être en s’exprimant et en participant à des discussions publiques, des entrevues, des conférences ou en écrivant des lettres d’opinion. Dans un deuxième temps, le refus de se soumettre aux violences étatiques et structurelles peut passer par la désobéissance civile ou bien par des circuits alternatifs pour trouver une autonomie économique, comme l’ont fait par exemple certaines femmes afro-américaines lorsqu’elles ont ouvert des salons de coiffure qui traitaient les cheveux crépus au naturel. 

La pratique du care occupe également une grande place dans les luttes contre les formes de domination. Plusieurs donnent comme exemple le fait de prendre soin du territoire, des pratiques écologiques des personnes précarisées, de la maternité comme un acte politique, ou du yoga comme un espace de guérison. Prendre soin de soi et de sa communauté constitue un acte de préservation. 

Les participantes résistent à la culture dominante par la réappropriation des pratiques traditionnelles ou l’apprentissage d’une langue ancestrale. Parmi leurs pratiques de résistance, elles nomment diverses formes d’expressions culturelles telles que la danse, la musique, la littérature et le cinéma pour lutter contre les oppressions. Finalement, la résistance passe également par une approche collective. Les intervenantes du collectif se penchent sur les luttes passées et actuelles en faveur des personnes marginalisées. Cela peut se traduire par des mouvements et des manifestations qu’il y a eu à travers l’histoire comme la lutte des droits civiques des personnes noires entre 1954 et 1968, ou bien le mouvement de contestation des Premières Nations au Canada avec Idle no more en 2012 ou la mobilisation étudiante du Printemps érable qui a également eu lieu en 2012. Elles retracent également diverses initiatives communautaires qui ont été mises en place comme des organismes et associations : l’association Femmes autochtones du Québec (FAQ), la Fondation Paroles de femmes, le centre communautaire des femmes sud-asiatiques, l’organisme Hoodstock, etc.

Question 1 : Quels sont les organismes ou associations qui œuvrent pour une cause qui vous tient à cœur, et pourquoi ? 

Question 2 : Vous êtes-vous déjà impliqué auprès de ces organismes ou associations ? Si oui, expliquez comment. Si non, pourquoi ?

Activité : Pensez à une personnalité publique contemporaine qui résiste aux systèmes d’oppression (Greta Thunberg, Malala Yousafzai, Assia Traoré, etc.) et décrivez quelles sont les formes de résistance que cette personne met en place. 

Filiations

Dans le collectif Empreintes de résistance, une réflexion est faite sur les inspirations qui ont mené chacune des participantes à militer et à s’impliquer en justice sociale. L’essai retrace leur propre filiation pour comprendre où chacune a pu puiser sa force. Certaines font référence à des proches comme leurs parents, leurs grands-parents, la famille restée dans le pays d’origine etc. Par exemple, Widia Larivière parle de sa mère, une grande source d’inspiration dans sa lutte pour les communautés autochtones puisque celle-ci était elle-même administratrice de la Maison Communautaire Missinak. 

Dalila Awada va quant à elle puiser des idées de lutte chez sa cousine Leïla Bdeir, professeure en études féministes au Collège Vanier, pour renforcer sa position en tant que féministe musulmane. La famille devient un lieu de conscientisation et de transmission d’un héritage unique. 

Certaines vont finalement se référer à des penseuses et penseurs d’importance qui ont influencé leur vision du monde : Frantz Fanon, Juliette Sméralda, Fatima Ouassak, bell hooks, Glen Sean, Edward Saïd, Malcom Ferdinand, Audre Lorde, etc. 

Question 1 : Qui sont les membres de votre entourage qui vous inspirent quotidiennement et pourquoi ? 

Question 2 : Quelle est la production culturelle qui a eu pour vous un effet de conscientisation politique et citoyenne ? Expliquez.

Activité : Écrivez une lettre à une personne de votre entourage et décrivez comment cette personne a eu un impact majeur dans votre vie et a influencé l’individu que vous êtes aujourd’hui. 

Esthétique de l’œuvre

Cet ouvrage se caractérise de deux façons particulières. La première est qu’il constitue une ressource pédagogique qui permet de s’initier aux questions des oppressions systémiques. Il offre donc un panorama assez complet, bien que non exhaustif, des enjeux sociaux intersectionnels affectant la société québécoise actuelle. Il permet de comprendre en quoi historiquement le racisme, le sexisme et la classe sociale sont liés et sont vecteurs d’exclusion pour différentes communautés marginalisées. Il recense aussi différentes stratégies de luttes déployées dans l’histoire, et ce à travers différents espaces géographiques, pour résister aux formes d’oppression. Il n’offre pas seulement un cadre théorique, mais aussi des idées, des conseils, des suggestions afin de s’initier aux luttes de résistance. 

La deuxième caractéristique qui participe à l’unicité de cet ouvrage est son accessibilité. L’insertion des témoignages permet d’inclure une approche personnelle qui fait entendre les voix des participantes. Ainsi, en parlant de leur vécu, elles paraphrasent par le fait même et mettent dans leurs propres mots certains concepts moins accessibles et qui sont parfois réservés à une certaine élite. Loin du jargon et des technicités que l’on retrouve dans certains essais, Empreintes de résistance offre un style fluide et des phrases limpides. De plus, chaque portrait est suivi d’une notice bibliographique  afin d’offrir la possibilité aux lectrices et lecteurs de s’informer davantage et de creuser un sujet qui les intéresserait plus particulièrement. Dans ce souci d’accessibilité au savoir, Pierre s’éloigne d’une forme d’apprentissage élitiste et, au-delà des articles scientifiques, elle propose également des albums jeunesse, de l’art visuel, des bandes dessinées, des films et des séries télévisées, de la musique, des sites web et des podcasts. Des livres sont également fournis comme référence, et de tous les genres confondus, comme l’essai, la prose, la poésie et même la paralittérature avec des récits de science-fiction écrits par des personnes racisées. Elle remplit le devoir qui incombe aux personnes racisées qui est, selon l’écrivaine bell hooks, celui de répandre le savoir en dehors des institutions en le vulgarisant et le rendant accessible aux personnes historiquement marginalisées 1 1 bell hooks, Teaching to transgress : education as the practice of freedom, Éditions Routledge, 1994. .

Ressources

Recly, Mathilde, « L’entrevue éclair avec Alexandra Pierre, auteure féministe et militante », Bible urbaine, 2021.
https://labibleurbaine.com/litterature/lentrevue-eclair-avec-alexandra-pierre-auteure-feministe-et-militante/

Gibeau, Ariane, « Alexandra Pierre, Empreintes de résistance. Filiations et récits de femmes autochtones et racisées (Montréal, Les éditions du Remue-Ménage, 2021) », Revue d’Études Ouvrières Canadiennes, vol. 89, 2022.
https://www.erudit.org/en/journals/llt/1900-v1-n1-llt07076/1090041ar.pdf

4TH SPACE Concordia University, « Un an plus tard : autour du livre Empreintes de résistances », Youtube, 2022. https://www.youtube.com/live/BrM5BkHUI8Y?si=xaMmlmiInldiOMRn

Papillon, Francis et Le Duc, Ky Vy, Décoloniser l’histoire[série télévisée], 2022.https://www.telequebec.tv/documentaire/decoloniser-l-histoire

Almeida, Jade, Jade Almeida [chaîne Youtube]. https://www.youtube.com/user/Lcritique/featured

Glossaire

Classe sociale

Il s’agit de groupes sociaux issus des inégalités de conditions de vie qui se caractérisent selon leur statut économique dans la société en fonction du travail, de la richesse, du pouvoir, du prestige, etc 2 2 Maude Chalvin, Des mots pour parler de diversité, RQCALACS, 2014. . Des discriminations peuvent être engendrées par la classe sociale; cela se nomme le « classisme ».

Autres définitions

Décolonisation

Alors que le premier sens donné à ce mot renvoie au processus par lequel un territoire jusque-là soumis à un régime colonial accède à l’indépendance politique 3 3 Usito, « Décolonisation », https://usito.usherbrooke.ca/d%C3%A9finitions/d%C3%A9colonisation (Novembre 2023) , ce terme est aujourd’hui utilisé afin de proposer de défaire les structures et systèmes issus de la colonisation. On peut ainsi par exemple décoloniser le système de santé, un programme scolaire ou le féminisme, c’est-à-dire remettre en question leurs dimensions coloniales et les reconstruire dans une perspective décoloniale.

Autres définitions

Féminisme

Il existe plusieurs féminismes. Au départ, il s’agit d’un mouvement exigeant des mesures pour atteindre l’égalité entre les hommes et les femmes 4 4 Conseil du statut de la femme, « Féminisme », https://csf.gouv.qc.ca/article/publicationsnum/feminisme-nom-commun-cause-commune/ (Novembre 2023) . Dans l’essai Empreintes de résistance, on précise en opposant le féminisme blanc/dominant/hégémonique, qui « se concentre sur les luttes et l’émancipation des femmes blanches appartenant aux classes les plus aisées des sociétés occidentales, en évacuant ou secondarisant les formes distinctes d’oppression auxquelles sont confrontées les femmes 5 5 Le terme « femmes » employé notamment par les féministes décoloniales, antiracistes et intersectionnelles renvoie aux femmes cisgenres, aux personnes s’identifiant comme femmes, aux personnes socialisées comme femmes et aux personnes perçues ou considérées comme femmes. Voir Oxfam-Québec, La parité. Faisons le tour de la question, https://oxfam.qc.ca/wp-content/uploads/parite-faisons-le-tour-de-la-question.pdf (Novembre 2023) minorisées sur la base de la race, des sexualités, des capacités, de la classe sociale, etc., de même que celles vécues par les femmes trans et les personnes non conformes aux normes de genre », à un féminisme antiraciste (voir Racisme ci-dessous), décolonial (voir Décolonisation ci-dessus) et intersectionnel (voir Intersectionnalité ci-dessous) (p. 21 et 22).

Autres définitions

Genre

Le terme renvoie aux pluralités des identités et d’expressions du genre. Le genre est une construction sociale. Nommer le genre permet de démontrer comment les rôles, les comportements et les attributs sont imposés par la société afin que les individus puissent correspondre à un modèle jugé acceptable. Le genre diffère du sexe qui, quant à lui, renvoie plutôt aux attributs physiologiques. Le genre peut correspondre ou non à celui assigné à la naissance et s’inscrit dans un spectre plus large que la binarité homme ou femme 6 6 Sophie Savard Laroche, Introduction aux perspectives féministes, ATOPOS, Centre collégial de développement de matériel didactique (CCDMD), 2021 .

Autres définitions

Intersectionnalité

Approche qui sert à analyser les systèmes d’oppression qui s’additionnent et s’entrecroisent selon les identités sociales des individus. Ce terme est utilisé pour la première fois par la juriste Kimberlé Crenshaw en 1989. Elle s’inspire de la tradition des féministes afro-américaines qui vivent simultanément le racisme et le sexisme 7 7 Alexandre Jaunait et Chauvin, Sébastien, « Intersectionnalité », Catherine Achin éd., Dictionnaire. Genre et science politique. Concepts, objets, problèmes. Presses de Sciences Po, 2013, pp. 286-297; Rémi Bachand, « L’intersectionnalité : dominations, exploitations, résistances et émancipation » Politique et Sociétés, volume 33, numéro 1, 2014, p. 3–14; Ligue des droits et libertés, « Intersectionnalité », https://liguedesdroits.ca/lexique/intersectionnalite/ (Novembre 2023) .

Autres définitions

Racisme

Idéologie fondée sur la hiérarchisation des groupes humains, à partir du concept de la « race », une classification sociale et politique des gens basée sur des caractères comme leur couleur de peau ou leurs origines. Le racisme peut être ordinaire (les préjugés inconscients que l’on porte sur des groupes), individuel (paroles, actes, micro-agressions qu’ils soient conscients ou non), systémique ou institutionnel (oppressions vécues par une collectivité dans divers domaines comme la justice pénale, la santé, l’éducation, le logement, etc.) 8 8 Amel Zaazaa, Introduction aux perspectives antiracistes, ATOPOS, Centre collégial de développement de matériel didactique (CCDMD), 2021. .

Autres définitions

Crédits

L’Espace de la diversité reconnaît l’aide financière du Conseil des Arts du Canada, du Conseil des arts et des lettres du Québec, du Conseil des arts de Montréal, de la Société de développement des entreprises culturelles et de la Fondation Lucie et André Chagnon.

  • Conseillère-experte en littérature : Lorrie Jean-Louis
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