Rodney Saint-Éloi

Nous ne trahirons pas le poème

Nous ne trahirons pas le poème
Nous ne trahirons pas le poème

Publication

Mémoire d'encrier, 2019

« j’habite infini
la nuit les métamorphoses »

1- Le lyrisme

Nous ne trahirons pas le poème (NTPP) renoue avec une forme de lyrisme incantatoire qui n’est pas sans évoquer les chants traditionnels ou le chamanisme. Le recueil déploie au fil des pages la célébration du monde mais aussi de la parole poétique.

Renouer avec la dimension sacrée du langage

Dans de nombreux poèmes, la parole se fait incantatoire, retrouve les accents des formes de profération mystique, mais aussi de la psalmodie avec le travail des répétitions (anaphores, litanies, reprises en boucles…) et de l’énumération. La poésie est ici pratiquée avec ferveur, comme un acte de foi, une musique sacrée. Le terme de « chant » (le « car- men » des anciens) est souvent employé pour désigner le poème.

C’est une voix d’ancêtre, de sage qui s’exprime dès le premier poème, invoque les élé- ments, la nature, les autres hommes, semble rassembler l’univers dans le creuset du texte. Cette voix dit « je », mais en réalité des voix différentes résonnent dans la langue poétique de RSE : ainsi, le « je » se transforme tantôt en « tu », tantôt en « nous », désignant toute une humanité intemporelle, à la fois dans et hors de l’Histoire, ancrée dans le passé et tournée vers l’avenir car la puissance de la poésie, pour RSE, est en effet de réconcilier toutes les temporalités.

Par ailleurs, la liberté de parole est d’emblée présentée comme sacrée, et RSE revendique la poésie comme un droit fondamental qui fonde tous les autres :

« ne t’excuse pas de marcher

à l’intérieur de ton silence

ne t’excuse pas de rire à l’infini

ne t’excuse pas de chanter

de compter les vagues

de déjouer les vertiges

entre les lignes de ta main

ne t’excuse pas de demander à l’histoire

à quoi ressemble le chemin de tes souvenirs

ne t’excuse jamais

tu es le soleil

tu es la terre

tu es l’horizon

tu n’appartiens à personne »

2- Le récit d’une quête

Sans structure apparente, le recueil se construit toutefois comme un voyage, une traversée dont le ressort est le désir et la poésie.

La beauté (du monde, de la poésie), en effet, n’est pas acquise : elle est ici l’objet d’une quête que le recueil retrace parfois avec des accents épiques. RSE y célèbre la poésie comme un Graal qui permet de survivre. Dès le prologue, le lecteur est projeté au cœur d’une urgence : il faut trouver les mots pour lutter, « écrire pour ne pas mourir ». L’entre- prise poétique est clairement énoncée : reconquérir la langue pour exister, devenir soi, être libre, chanter le monde.

L’odyssée du recueil commence alors dans un rythme effréné, porté par une voix d’aède au son du « tambour ». Évidemment, ce voyage en poésie n’est pas sans lien avec les récits d’exil – comme dans les Racistes – et chez RSE, la patrie perdue et le voyage ne sont jamais très loin : dans le livre s’élève souvent la « complainte des rameurs », car les hommes sont des nomades. Le lecteur croisera des fantômes d’exilés séparés de leur amour, de migrants en Méditerranée, qui cherchent encore « ce que veut dire le mot re- fuge » et trouvent la mort dans cet immense cimetière marin.

On notera la manière dont la libération des carcans du vers et l’usage de la typographie accompagnent ici ce voyage et l’élan poétique (vers libre, absence de majuscule et de ponctuation, mélange des registres de langue…).

Mais le texte propose aussi une traversée temporelle : la quête donne lieu à une véritable anamnèse. La poésie de RSE traverse les mondes et les temps, car il s’agit de réactiver le passé pour nourrir le futur, de n’abandonner ni l’héritage des siens, ni l’espoir de ses contemporains.

« je veux écrire un poème qui ne trahisse

ni passé ni présent ni futur

la phrase embrasse les vents les mers les forêts

les séismes les volcans les étoiles

j’entends l’urgence d’habiter

les horloges les cartes du monde

je veux fouler les sentiers du poème

résister

exister vivant parmi les vivants »

La traversée est donc une sorte de remontée à contre-courant, pour revisiter les souffrances de ses aïeux, l’histoire de tous ceux sont le poète hérite une langue, une culture, un corps. Les questions de l’esclavage et de l’exil, du lien de ses frères avec les autres humains opprimés d’aujourd’hui (les réfugiés, les victimes du racisme ou de la guerre) hantent le recueil, qui se présente comme un hommage fraternel et un voyage « décolonial ».

« pour ma défense je citerai le code noir

l’exode la bible

les chants d’esclaves

les expropriations

le matin des génocides

je vous dirai

ma foi décoloniale

mon chagrin cyclope

la capture l’arrachage

le fouet le cachot

la cale le bannissement

les appontements de crachat

les ténèbres qui assassinent la lumière »

3- Le procès du colonialisme

Dès le prologue, le recueil est marqué comme porteur d’une parole politique dans le sens où elle construit un espoir dans la possibilité d’un monde plus humain et fraternel, ce que RSE nomme « utopie » : « Utopie que je signe et hurle », indique le poème liminaire.

RSE explique : «Parce que, plus que jamais, la prophétie de Rimbaud demeure vraie: il faut changer la vie. On ne peut pas écrire si on ne partage pas cette mégalomanie et cette insoumission. Les gens qui nous aident à voir clair dans l’humanité sont des insou- mis, ce ne sont pas des banquiers. Et c’est là le rôle de la poésie : semer l’insoumission et l’utopie. C’est ce mélange qui va déboucher sur une véritable reconstruction sociale, sur ce nouveau monde à naître, que la poésie défend. »

« Je me dédie aux phrases orphelines », écrit-il, un vers résumant à la fois le projet de son œuvre et celui de sa maison d’édition consacrée aux littératures d’auteurs dits « racisés », décoloniaux, hors des circuits de l’édition occidentale écrasante. On retrouvera dans ce livre les motifs de la frontière ou de l’oppression raciste qui font aussi l’objet de l’essai Les Racistes.

À propos de la frontière par exemple, le texte de RSE vient puiser à la litanie et au slogan pour manifester la violence des barrières entre les êtres et l’absurdité géographique :

« les frontières ne gardent pas les vents

les frontières ne font pas de cerfs-volants

les frontières ne font pas de colibris

les frontières ne font pas de vergers

les frontières ne font que des frontières »

Contre la culture coloniale, NTPP propose une poésie qui fait l’éloge de l’insoumission, de la rébellion. Qui invite à se tenir debout, à reprendre aux douaniers les mots qui nous appartiennent, en les remettant sur l’établi poétique :

« défense de solidarité

je commande mes fantômes

m’apprête à faire communauté

m’apprête à faire humanité

castor je dis bois arraché à la forêt

je réclame le droit de mourir debout

le droit d’offrir mes doigts à l’oiseau blessé

la nature océane m’habite

mon sang sonde le cœur du diable

mon sang le sang des vampires

je vivrai ces échouages

qui cisaillent l’aurore

noyés les songes

étouffé l’enfant

achevé le rivage

le monde a des barreaux

où se perdent les vents

je bats le tambour

je bats la mesure

interlope l’espace

barricadé l’azur

ils pleurent les merles

les mésanges disparaissent

leurs seules sépultures

les pays invisibles

migrants au corps lacéré

gonflés d’un rêve radical

n’abandonnons pas la mer aux douaniers

n’abandonnons pas les mots aux douaniers

la méditerranée n’est pas la mer bleue

la méditerranée est un cimetière »

La parole poétique est donc une parole politique : elle propose un autre récit du monde et fait aussi exister une voix pour pleurer ce qui doit être pleuré.

« parler à nos fissures

sur le ton familier de nos deuils

comme on attend le dernier train

comme on tète nos plaies à la cuisine »

Seule cette lucidité, ce courage d’affronter le passé permettent de ne pas obérer l’avenir :

« on trouvera les mots et les dieux

pour pardonner à nos déroutes

on écrira un aide-mémoire à nos renoncements »

4- Écriture et identité

Comme on l’a vu, pour RSE, il s’agit d’écrire « pour ne pas mourir », « d’écrire sa carte identité pour semer les milices » (poème liminaire, p. 15). Le poème est donc la véritable carte d’identité, au-delà des assignations de « race », de couleur, d’origine géographique. Car la poésie est la véritable patrie du poète.

On retrouve cette préoccupation de l’identité à travers la reprise obsessionnelle de l’affirmation « je suis », souvent en anaphore dans le recueil : s’exprime ici l’urgence de refonder l’être dans l’écriture :

« pour ma défense

je dirai que je suis poète

les mots m’ont précédé

je n’ai pas tété ma mère

je n’ai pas connu mon père

j’habite loin de mon île

mon ventre n’est pas mon ventre

je n’étais pas convié à ma naissance »

La poésie permet de percevoir l’être au-delà de l’appartenance raciale ou culturelle (on retrouve ici la question centrale de Les Racistes) :

« je suis noir
cormoran ou goéland
mes ailes ne changent rien
à la couleur de la pluie
je suis noir de peau
noir de jour
noir de nuit
si cela ne te convient pas
dis-moi tout simplement
tu ne ressembles pas à ta race
je te répondrai que je n’ai pas de race. »

Et le poète, se percevant comme porte-voix des siens, comme passeur, revêt le plus sou- vent une identité plurielle, une forme d’être et de voix polyphonique, en permanente métamorphose. Il entend et transmet les voix du monde, il est traversé, à la manière d’un sorcier, par d’autres vies que la sienne :

« je ramasse mes visages

fais le tour de la maison

pour ancrer le souvenir

le piroguier avance

ondule mes sens

eaux profondes

je saute caïman

m’endors ville

me réveille forêt

marron

j’habite infini

la nuit les métamorphoses »

Si l’identité du poète est plurielle, c’est donc d’abord parce qu’il est, dans le geste de l’écriture, « perméable aux voix de ses ancêtres, à celles de ses « ami.e.s sans nom et sans visage », à celles de ces migrants qu’a avalés la Méditerranée, ainsi qu’à celle de sa grand- grand-mère Tida. » (Dominic Tardif, Le Devoir).

De cette grand-mère, dont il raconte souvent qu’elle était analphabète et lui a pourtant transmis le goût des livres, la passion des mots, il porte aussi la voix comme celle d’une figure tutélaire. La langue de Tida, comme celle de tous ses aïeux, contamine la sienne et la nourrit au même titre que les écrivains qui fondent sa culture littéraire : « Il y a dans ma voix celle de tous ceux qui m’ont précédé, je les entends dans ma tête, explique le poète. Je ne sais pas où s’arrête la mienne et où commencent celles de mes ancêtres, et je pense qu’on perd souvent son temps à répéter “comme Socrate a dit”, “comme Rabelais a dit”, alors que moi, je veux pouvoir écrire “comme Tida disait”. Je suis habité par sa voix, parce que c’est une voix qui m’a fait grandir. »

Et d’ajouter, pour insister sur la manière dont sa poésie cherche à valoriser l’héritage et les langues traditionnels : « Notre regard a été balisé par le colonial : comment on a construit les rues, ce qu’on met dans les musées, ce qu’on enseigne à l’école. C’est pour cette raison que je dois faire entendre Tida: parce qu’elle n’est pas dans les musées. Il y a toute une série de représentations qu’on nous a cachées, des histoires qui ont été occultées, des violences qu’on ne connaît pas. Il y a une somme de gens qui ont été exclus de l’Histoire et il faut se demander : à quel prix peut-on encore aujourd’hui continuer de les exclure ? Il y a 6 000 langues dans le monde, mais avec combien de langues sommes-nous en train de négocier au quotidien ? Deux ou trois ? Dans ces langues, il y a pourtant des imaginaires, des visions, des fulgurances. Voyez-vous un peu notre pauvreté ? ».

Mais NTPP aussi un recueil sur l’identité particulière du poète et même sur la fonction du poète. Une fonction guerrière ou plutôt expiatoire, puisqu’il est présenté comme un combattant pacifique qui pourfend notamment le capitalisme déshumanisé.

« je suis le christ noir au jardin des oliviers

je marche vers la plaine

où ment le soleil

la voix dit

auparavant les marchands

étaient chassés du temple

au jardin des vampires

je suis le terroriste vaincu

j’incendie les banques

les vies hypothéquées

la voix dit

aujourd’hui ce sont les marchands

qui construisent les temples »

Dans ce poème à l’esthétique caractéristique du recueil, on notera le mélange de ré- férences classiques, notamment issues de la culture chrétienne, et des réalités les plus contemporaines liées à la société de consommation. Le travail sur les contrastes et l’antithèse permet de débusquer les contradictions de ce monde et de les sublimer.

5- L’amour

« Je recherche un amour d’encre
pour que ne s’arrête jamais le chant du monde. »

Si le recueil semble vouloir embrasser tous les éléments du monde, c’est bien l’amour qui est au centre de tout. Il surgit à la fois dans les poèmes de déploration (sur la guerre, la mort des réfugiés, sur l’histoire des esclaves) et dans les hymnes à la nature ou à la femme aimée. L’amour est le liant entre passé et présent, ceux que l’on pleure et ceux dont la vie nous permet de jouir ; il est aussi la condition de l’avenir, car il maintient l’espoir vivant.

Toute une veine de lyrisme amoureux, dans NTPP, renvoie à un héritage poétique manifeste. De nombreux textes se présentent comme des odes à la femme aimée, symbolisée par une sorte de totem : « le baobab ancestral ».

« la femme dit à son amant

écoute mon cœur

écoute mes tornades

écoute mes foudres

lis mes errements

lis les lignes de ma joie

tu verras le soleil se lever

tu entendras le hurlement des loups

quand les aubes sont criblées de sang

le jour fait la grève

les cris enflent le nuages

les contes de la forêt

allument les radeaux »

On retrouve au fil du recueil l’éloge du corps féminin, dans un travail de l’image proche de la tradition du blason. Mais l’amour-passion est en réalité le paradigme d’un amour plus universel : comme la poésie, il relève d’une relation au monde qui refuse le cynisme. Dans l’amour, le poète s’engage à revendiquer l’humanisme, le respect de la nature et des êtres, à les chanter :

« mon amour

aimons-nous

naufragés

aimons-nous

échoués

désaxés

vaincus

le monde est si grand

sous nos bras mélangés

aimons-nous grandiloquents et beaux

aux comédies de la vie

nous aurons soif des villes

des passions et des oiseaux

comme l’alcool prohibé

aimons-nous

brefs

tendres

mortels,

nous ne trahirons pas le poème »

Autre versant de l’amour, l’ode à la nature développée par le recueil célèbre l’univers et sa beauté.
D’un point de vue formel, l’invention verbale, les mots valises, l’audace lexicale permettent de rendre la richesse de la nature qui irrigue les identités du poète et sa langue :

« poussez fleurs blanches

arc-en-ciel mauve

poussez phrases rebelles

Je existe je

la foule attendra

je m’aîle

je m’enîle

je m’encannibale

je m’africane

je nous utopie

je dérisionne

déconfictionne le récit »

RSE invite « tous les humains à sentir les moindres frémissements d’un papillon, la tendresse des aubes, le vertige des eaux, les promesses de l’arbre ». Seule la poésie, pour lui, rend habile « à tracer la carte du destin des lucioles, à entendre le bruit minéral des morts, à regarder le ciel tombé dans le ciel, à avoir l’habitude de la joie et les émeutes du soleil. » Chantant la communion avec le monde, le livre se déploie en un long chant d’amour charriant bêtes et végétaux, éléments naturels, astres, hommes d’hier et d’aujourd’hui. Il rend hommage aussi bien à leur puissance qu’à leur fragilité, en éveillant la conscience du lecteur aux urgences politiques et climatiques. On comprend que l’écriture pour RSE relève d’une conscience aiguë du monde et des maux de ses contemporains, lorsqu’il ex- plique : «Je vois les enfants qui sont dans la rue pour nous demander: “Est-ce que vous allez trahir les arbres, les rivières, les étoiles ?” et j’entends un message d’espoir profond. Je pensais mourir sans voir ça. La parole la plus révolutionnaire, dans le moment, ne provient pas des politiciens, elle provient des enfants : pourquoi aller à l’école s’il n’y a plus de planète ? »

La beauté du monde et la fraternité sont menacées. Rien n’est jamais perdu, pourtant : la poésie est toujours possible, à tout moment et partout :

« on attendra à la gare

la beauté extravagante

qui élira nos obsessions »

La trajectoire du recueil et son voyage en poésie s’achèvent ainsi sur l’espoir, sur une forme de renaissance qui se dessine. Le chant du monde se clôt avec l’affirmation de la liberté, de la puissance de changement :

« j’existe

j’exige

l’aube décoloniale

des marées hautes »

En écho

Correspondances d’écrivains

  • Lettres parisiennes, histoires d’exil de Nancy Huston et Leïla Sebbar
  • Correspondance Camus/Char

Auteurs québécois cités par YEG/RSE

  • Felix Leclerc
  • Gabriel Roi
  • Joséphine Bacon
  • Gaston Miron

Autres poètes de la paix/de la liberté

  • Pablo Neruda : Vingt poèmes d’amour et une chanson désespérée
  • Mahmoud Darwich : La Terre nous est étroite, L’Exil recommencé

L’exil

  • Jeanne Bennameur : L’Exil n’a pas d’ombre (poésie)
  • Laurent Gaudé : Salina (récit)
  • Laurent Gaudé : De sang et de lumière (poésie)
  • Chamoiseau : Frères migrants (poésie)

La culture créole, la créolisation de la langue

  • Édouard Glissant : Pays rêvé, pays réel
  • Saint John Perse : Éloges
  • Jean d’Amérique : Rhapsodie rouge
  • Chamoiseau : Texaco

La négritude des poètes

  • Léopold Sédar Senghor : Chants d’ombre
  • Aimé Césaire : Cahier d’un retour au pays natal
  • Léon-Gontran Damas : « Solde » in Pigments

Fonction du poète : groupement classique

  • La quête de la beauté, l’alchimie : Rimbaud, Baudelaire…
  • L’engagement social et humain : Hugo, Desnos, Aragon…

Poésie contemporaine et regard sur le monde

  • Gaël Faye : Petit pays
  • Kae Tempest : Les Nouveaux Anciens
  • Christophe Dauphin : Un fanal pour le vivant

Poésie amoureuse : la tradition lyrique

  • Éloges et blasons : Marot, Ronsard, Baudelaire, Éluard, Verlaine…

Textes sur l’esclavage

  • Montaigne : Essais (Des cannibales : civilisation et barbarie)
  • Voltaire : Candide
  • Diderot : Supplément au voyage de Bougainville
  • Montesquieu : De l’esclavage des nègres (Esprit des lois)
  • Daenninckx : Le Reflet (nouvelle)
  • C. Taubira : L’Esclavage raconté à ma fille
  • Toni Morisson : Beloved
  • Sophie Cherer : La Vraie Couleur de la vanille
  • Franz Fanon : Les Damnés de la Terre (et préface de Sartre)
  • Leiris : Race et civilisation
  • Claude Levi-Strauss : Tristes tropiques, Race et histoire…
  • Extraits de la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789 / Décret d’abolition par la Convention, 1794 / Code Noir de 1685
  • Aimé Césaire : Discours prononcé le 21 juillet 1945 à l’occasion de la fête traditionnelle dite de Victor Schœlcher
  • Lamartine : De l’émancipation des esclaves
  • Condorcet : Réflexions sur l’esclavage des nègres
  • Marivaux : Île aux esclaves
  • Sartre : Préface aux damnés de la Terre de Frantz Fanon
  • Tournier : Vendredi ou les limbes du pacifique
  • Roland Barthes : Bichon chez les Nègres (Mythologies)
  • J-C Carrière : La Controverse de Valladolid (et adaptation cinéma)
  • Anthologie : C’est à ce prix que vous mangez du sucre (Étonnants classiques)

BD :

  • Bourgeon F : Les Passagers du vent, 12bis éditions

MUSIQUE :

  • RAP : Ministère Ä.M.E.R : Le Savoir – Fabe : Code noir – IAM : Tam-tam de l’Afrique
  • Abd al Malik : Le Jeune Noir à l’épée (Récit poétique + CD)

CINÉMA : esclavage, ségrégation, racisme

  • Mc Queen : Twelve years a slave, 2014
  • S. Spielberg : Amistad / Lincoln
  • J. Demme : Beloved
  • Lee Daniels : Le Majordome
  • Tate Taylor : La Couleur des sentiments
  • Richard Attenborough : Freedom Cry
  • P. Farrelly : Green Book

SÉRIE :

  • Roots (Alex Haley)

ARTS VISUELS :

  • François-Auguste Biard : L’Abolition de l’esclavage
  • Laurent Valère : Cap 110 ; Mémoire et Fraternité, 1998
  • Fabrice Hyber : Le Cri, l’écrit, 2007
  • Léa de Saint-Julien : La Forêt des Mânes, 2006 (installation éphémère multi-sensorielle)

AUTRES RESSOURCES EN LIGNE :

VIDÉO :

Pistes pédagogiques

ATELIERS D’ÉCRITURE

Atelier d’argumentation

  • La boîte à outils anti-raciste :
    En reparcourant les différents points abordés par les Racistes, chacun choisit un angle d’attaque contre le racisme et développe un paragraphe argumentatif de manière structurée (connecteurs, introduction, développement, exemple, conclu- sion).
  • L’arbre à palabre :
    Version orale de l’exercice précédent : sur le modèle de l’arbre à palabre, dans la salle, chacun à son tour, les participants se lèvent et lisent le texte écrit dans l’ate- lier précédent. Aucun ordre n’est prédéfini ; il s’agit de percevoir quel est le meilleur moment pour intervenir et relier son argument aux précédents de manière logique et fluide.

Atelier épistolaire

  • Cet atelier repose sur une correspondance (papier ou par mail) avec un de vos camarades. Vous échangerez à propos d’un mot choisi en commun comme point de départ de la conversation épistolaire. Chacun pourra présenter ce qu’évoque pour lui le mot, dans sa culture, son histoire personnelle… On pensera à travailler les question/réponses et les fils de reprise d’un courrier à l’autre.

Ateliers récit

  • Atelier « premières fois ». En vous inspirant du chapitre des Racistes où les deux auteurs racontent leur première confrontation avec le racisme, vous raconterez la première expérience que vous avez faite (vous-même ou en tant que témoin) d’une réaction de rejet, d’intolérance, de harcèlement. Vous mettrez en avant les préjugés à l’œuvre dans cette scène. Votre texte se développera en 3 temps : le récit de la scène, vos émotions, et un dernier paragraphe réflexif.
  • Atelier « solutions » : dans le prolongement du récit précédent (récit d’une scène de rejet), vous imaginerez une issue positive en imaginant comment la victime et/ou les témoins auraient pu réagir (moment de lutte collective, de fraternité et de victoire, comme l’épisode, dans Les Racistes, des voix qui se lèvent contre un chauffeur raciste dans un bus).
  • Atelier « premières fois » N° 2 : Comme YEG et RSE, racontez une « première fois », mais choisir cette fois une découverte heureuse, un moment où l’humanité, la compassion s’est exprimée.
  • À la manière de RSE lorsqu’il évoque sa grand-mère et l’héritage qu’elle lui a légué, vous rédigerez le portrait d’une personne qui a compté ou compte encore pour vous. Votre texte mettra en avant les valeurs, les savoirs qui vous ont été transmis.

Ateliers poésie

  • Autour d’un mot : « ces mots qui nous sauvent, ces mots guérisseurs que toute personne persécutée porte dans son sac de médecines » À la manière de RSE et YEG dans Les Racistes, avec le mot « rêve » par exemple, travailler à partir d’un mot que vous aimez. Creusez son étymologie, ses connotations, ce qu’il évoque pour vous (liens avec votre culture, votre histoire personnelle…). On pourra s’appuyer aussi sur le travail étymologique de Sophie Chérer dans Renommer. Pour choisir le mot, établir une liste personnelle, ou travailler en groupe et piocher dans la liste des autres. La mise en commun des textes autour d’un mot peut donner lieu à la constitution d’un petit glossaire collectif.
  • Atelier invention verbale : sur le modèle de l’OULIPO et de certains poèmes de NTPP, développer la création de mots valises et de néologismes autour d’un thème donné : la fraternité, la nature, l’amour.
  • Poèmes anaphoriques :

1/ À quoi sert l’écriture ?

Reprendre en anaphore « écrire pour… » comme dans le texte prologue de NTPP. Penser au rôle de la poésie, de l’écriture au sens large.

2/ « Je suis » : se définir à partir d’une liste d’éléments appartenant à la nature, au quotidien… Faire son autoportrait. On pourra s’appuyer sur une recherche d’éléments en s’inspirant de la démarche de Proust ou du portrait chinois. On pourra aussi travailler à partir des textes anaphoriques de G. Perec (Je me souviens) et Ito Naga (Je sais).

  • La voix des autres : tenir un carnet d’enquête, dans lequel on fera pendant une semaine une collecte de mots. On sera attentif aux paroles prononcées par les proches mais aussi les inconnus, et parmi les mots et expressions entendus on re- lèvera ce qui plaît/touche/surprend… On rédigera ensuite un poème polyphonique, en vers libre, où toutes ces voix seront entremêlées.
  • Poème-hommage : à une grand-mère ou un grand-père à la manière de RSE dans Les Racistes et/ou dans NTPP. Construction en 3 strophes : évocation de l’apparence de l’aïeul/ ses mots/son héritage.

ORAL

  • Exposé autour du livre Les Racistes : sur les pays des 2 auteurs (Québec, Palestine et Haïti).
  • Exposé de groupe sur l’histoire de l’esclavage / sur le colonialisme.
  • Exposé sur les associations de lutte contre le racisme.
  • Présentation du livre de Sophie Chérer : La Vraie Couleur de la vanille.

Crédits

Fiche ressource initiée par l’Agence Livre & Lecture Bourgogne- Franche-Comté, en partenariat avec la Direction régionale académique à l’éducation artistique et culturelle (DRAÉAC), dans le cadre
du festival littéraire itinérant Les Petites Fugues 2022.

Réalisation : Cathy Jurado

Avertissement : subjectifs et non exhaustifs, les contenus de ce dossier sont proposés à titre de « pistes de travail ». Chacun sera libre de les suivre ou de s’en affranchir.

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