Marie-Andrée Gill

Chauffer le dehors

Chauffer le dehors
Chauffer le dehors

Publication

Chicoutimi, Québec : La Peuplade « Poésie » (2019)
Chauffer le dehors
ISBN: 978-2-924898-20-8

Description : 90 pages 

Type de document : livre imprimé 

Niveau : Secondaire, collégial 

Extrait

« Je cherche dans le bois 

et les chiennes de vivre 

le remède aux morsures de ta douceur 

celle qui m’a fait toucher à autre chose 

qu’à la bouette des rôles à jouer » (p. 27) 

« Tous les paysages te ressemblent quand tu les éclaires 

le bois sale, les ruisseaux, l’apparition des 

uishkatshan et des buses quand on en a besoin, 

les érablières dans les coulées, l’ombre des crans 

sur les montagnes, le couchant qui précise la ligne 

de conifères et tshiuetin qui fait claquer les maisons ;  

les assiettes de nourriture, les promenades en char,  

le temps partout comme une donnée qui n’a plus  

de sens que dans l’altitude de nos organes. 

       J’aimerais dire tout ça 

       et arrêter de manger 

       la peau de mes lèvres » (p. 28) 

Biographie de l’autrice

Née le 20 mars 1986, Marie-Andrée Gill est Pekuakamishkueu (Ilnue de la communauté de Mashteuiatsh, Lac-Saint-Jean). Elle développe une identité plurielle à l’intersection de nombreux imaginaires culturels — ilnu, québécois, saguenéen, maternel, etc. Diplômée de l’Université du Québec à Chicoutimi, elle publie des poèmes dans plusieurs revues et anthologies, ainsi que trois recueils de poésie aux éditions la Peuplade, tous récompensés par un prix littéraire de poésie du Salon du livre du SaguenayLac-Saint-Jean : Béante (2012) ; Frayer (2015) et Chauffer le dehors (2019). Pour toute son œuvre, elle  reçoit le prix Artiste de l’année au SaguenayLac-Saint-Jean du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) en 2020. Intéressée par le concept d’amour décolonial, elle anime plusieurs balados sur l’histoire et les langues. 

Marie-Andrée Gill
Photo: ©SophieGagnon-Bergeron

Résumé

Chauffer le dehors est le troisième recueil de Marie-Andrée Gill, où s’exprime une jeune femme ilnue bouleversée et abîmée par un amour passé. En quatre sections, elle progresse vers l’apaisement malgré la peine et les souvenirs encore vifs. Dans « Comme si de rien n’était », la narratrice développe sa nostalgie d’une relation amoureuse passée et les émotions contradictoires qui la traversent. La section « Le solfège des tempêtes » narre son incapacité à habiter les lieux sans être hantée par l’être aimé, à vivre dans le temps présent et non dans les souvenirs. Dans « L’émeute est par en dedans », elle erre, prise entre le désir d’aller de l’avant et les souvenirs ordinaires, et s’attache à son corps pour tenter de sortir de sa nostalgie dévorante. Dans « Le futur hausse les épaules », avec la lenteur comme mot d’ordre, la jeune femme explore les paysages forestiers et enneigés ainsi que la poésie comme des espaces pour s’ancrer de nouveau dans le territoire. Seule cette dernière section est intégralement versifiée, manifestant le mouvement de la narratrice vers la poésie. 

Situer l’œuvre

Marie-Andrée Gill est une poète ilnue contemporaine qui appartient à la deuxième vague de poètes autochtones, aux côtés de Rita Mestokosho, de Joséphine Bacon, de Naomi Fontaine ou encore de Natasha Kanapé-Fontaine. L’identité de la narratrice de Chauffer le dehors, une jeune femme ilnue, indique que cette poésie relève de l’écriture du soi. Son œuvre, d’inspiration autobiographique, se situe dans le temps présent et le territoire de Mashteuiatsh, dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Sa voix ne porte pas en premier lieu une révolte politique comme cela a pu être le cas chez les poètes qui l’ont précédée, mais une énonciation plus individuelle. Elle explore son identité complexe et ses émotions à une échelle intime. Ses recueils abordent des expériences personnelles — la disparition d’un proche dans Béante, la réserve de Mashteuiatsh dans Frayer, un amour impossible dans Chauffer le dehors — en évitant toute posture de victimisation : au contraire, son écriture adopte un regard humanisant, qui décrit avec franchise ce qu’elle a vécu. Elle se singularise par une simplicité, une attention à l’ordinaire et au quotidien et surtout, un refus de se laisser enfermer dans une autochtonie stéréotypée. La forêt est investie, dans une perspective d’amour décolonial 1 1 Sur la notion d’amour décolonial, que Marie-Andrée Gill utilise dans ses essais et entretiens, voir Leanne Simpson, Natasha Kanapé Fontaine et Arianne Des Rochers, Cartographie de l’amour décolonial, Montréal, Québec, Mémoire d’encrier, coll. « Récit », 2018, 151 pages. , comme un espace de déconnexion possible, où prendre le temps de ressentir et de nouer un rapport personnel plus apaisé et résilient face au monde. 

Thématiqueslock

himenaeos fermentum turpis donec magna porta enim curabitur odio rhoncus blandit potenti sodales accumsan congue neque duis bibendum laoreet elementum suscipit diam vehicula eros nam imperdiet sem ullamcorper dignissim risus aliquet habitant morbi tristique senectus netus fames nisl iaculis cras aenean lorem ipsum dolor sit amet consectetur adipiscing elit praesent interdum dictum mi non egestas nulla in lacus sed sapien placerat malesuada at erat etiam id velit finibus viverra maecenas mattis volutpat justo vitae vestibulum metus lobortis mauris luctus leo feugiat nibh tincidunt a integer facilisis lacinia ligula ac suspendisse eleifend nunc nec pulvinar quisque ut semper auctor tortor mollis est tempor scelerisque venenatis quis ultrices tellus nisi phasellus aliquam molestie purus convallis cursus ex massa fusce felis fringilla faucibus varius ante primis orci et posuere cubilia curae proin ultricies hendrerit ornare augue pharetra dapibus nullam sollicitudin euismod eget pretium vulputate urna arcu porttitor quam condimentum consequat tempus hac habitasse

vestibulum metus lobortis mauris luctus leo feugiat nibh tincidunt a integer facilisis lacinia ligula ac suspendisse eleifend nunc nec pulvinar quisque ut semper auctor tortor mollis est tempor scelerisque venenatis

Esthétique de l’œuvre

Les poèmes de ce recueil sont plutôt courts, en vers libres ou en prose. Cela manifeste un ancrage dans une modernité poétique dégagée des contraintes des rimes et/ou des strophes. Cette poésie se caractérise par une simplicité banale recherchée : ainsi, les expériences sont ancrées dans la matérialité du réel et toute abstraction désincarnée est refusée. 

L’usage conjoint de la versification et de la prose indique la nécessité d’emprunter plusieurs voix (métaphorique, analytique, descriptive, énumérative, etc.). Des oxymores montrent les tensions et les déchirements de la narratrice : « l’amour c’est une forêt vierge / pis une coupe à blanc / dans la même phrase » (p. 11), sa difficulté à conjuguer tous ses ressentis. Des éléments triviaux sont chargés d’une valeur émotionnelle et symbolique. Marie-Andrée Gill mobilise des détails quotidiens : « un fond de lait qu’il faut boire / avant qu’il passe date » (p. 9) ; « une balloune frottée qu’on colle au mur » (p. 73), des références de la pop culture : « Quand on s’embrasse, c’est comme dans les films » (p. 53) pour créer des associations d’idées dans le monde présent, et non dans un univers ancestral passé ou rêvé. Elle utilise une langue populaire : « désallumer l’attente, slaquer le hamster, faire corps / avec tout ce qui a de la misère à exister. » (p. 37) qui renforce la dimension personnelle de son écriture. Ceci apparaît également dans son humour, notamment à son propre égard : « t’abreuver à mon esprit ancestral / de crème soda ». (p. 12)

Ressources

  • Caron, Elizabeth, « Écriture de l’intime et décolonisation dans Béante (2012), Frayer (2015) et Chauffer le dehors (2019) de Marie-Andrée Gill », mémoire de recherche, dir. Daniel Chartier, Université du Québec à Montréal, 2021, 150 pages. https://archipel.uqam.ca/15652/1/M16979.pdf

Glossaire

Ilnu-aimun, Innu-aimun 

Nom de la langue algonquienne parlée par les Innus/Ilnus, un peuple autochtone de l’Est du Canada. Deux versions dialectales existent : la première est dite « de l’est » et parlée en basse Côte-Nord et au Labrador, et la seconde « de l’ouest », divisée entre deux sous-dialectes (le ‘l’, parlé à Mashteuiatsh la communauté de Marie-Andrée Gill et à Betsiamites, et le ‘n’, parlé à Schefferville, Sept-Îles et Maliotenam 2 2 Innu-aimun, ressources de la langue, « Dialectes innus », 12 avril 2021  https://www.innu-aimun.ca/francais/grammaire/dialectes-innus/   . 

Autres définitions

Une froc

Substantif masculin qui désigne un vêtement monastique couvrant la tête et les épaules, puis, par métonymie, la condition de moine. Au Québec, ce terme est féminin et renvoie à un « manteau » : c’est dans ce sens que l’utilise Marie-Andrée Gill 3 3 La langue française, « froc », 12 août 2020. https://www.lalanguefrancaise.com/dictionnaire/definition/froc . 

Autres définitions

Des accroires

Ce nom vient du verbe « accroire » (« croire quelque chose qui n’est pas vrai ») et désigne le résultat de la tromperie, soit le mensonge, l’histoire inventé.

Autres définitions

Crédits

L’Espace de la diversité reconnaît l’aide financière du Conseil des Arts du Canada du Conseil des arts et des lettres du Québec du Conseil des arts de Montréal de la Société de développement des entreprises culturelles et de la Fondation Lucie et André Chagnon. 

  • Conseillère-experte en littérature : Lorrie Jean-Louis 
  • Consultante pédagogique : Marie Brodeur Gélinas 
  • Coordination : Selma Guessous 
  • Recherche et rédaction : Madeleine Savart 
  • Révision linguistique : Alice Rivard 

Espace de la diversité 

1260, rue Bélanger, bur. 201  

Montréal, Québec, H2S 1H9 

Tél. : 438-383-2433 

info@espacedeladiversite.org  

www.espacedeladiversite.org  

Nous utilisons des cookies sur ce site pour améliorer votre expérience utilisateur.